Le temps qu’il a passé au sein de la Coalition a suivi une longue et mémorable carrière au Conseil scolaire catholique de Toronto, où il a travaillé durant 36 ans : d’abord pendant 29 ans comme bien-aimé professeur d’harmonie à l’école secondaire Neil McNeil, et plus tard comme Superviseur de la musique instrumentale pour le conseil scolaire. Il a été membre de l’Association Canadienne des Harmonies (Ont.) et membre votant du Centre de musique canadienne, en plus de sa participation au TubaFest. La passion de Russell pour l’éducation musicale a fait de lui un ardent défenseur des arts au sein du Conseil scolaire catholique de Toronto. Son fils Peter se souvient : « Il fut un temps où la musique et les arts risquaient d’être coupés en raison de contraintes budgétaires, mais mon père a toujours insisté lors des réunions du conseil sur l’extrême importance de conserver ces programmes. Cette passion l’a mené à la Coalition pour l’éducation musicale au Canada. »

Russell a été parmi les premiers à supporter la Coalition et, à titre de président, il a guidé l’organisation à travers une période de changements et de croissance majeurs. Pour son leadership et ses services exceptionnels, il a été nommé membre honoraire à vie de la Coalition en 2006. Jane Cutler, sa collègue et une autre ancienne présidente ajoute: « Je garde de très bons souvenirs de Russ – un professeur de musique chaleureux et attentionné, qui a été un véritable chef de file dans la promotion d’une éducation musicale de qualité pour tous les élèves ».

Débuts
Russell a commencé ses études musicales formelles à l’âge de 7 ans. C’est l’accordéon qui l’a d’abord séduit, puis il a élargi ses horizons pour inclure la contrebasse et les percussions. Il a enseigné l’accordéon tout au long de son adolescence et a dirigé son propre ensemble instrumental, désirant un jour se joindre au conseil scolaire.

Si l’amour se repaît de musique …
Avec sa femme Jean, chanteuse et membre de longue date du chœur Sweet Adelines Barbershop, Russell a bâti une famille pleine d’amour et une maison remplie de musique. Ses trois enfants ont chacun reçu une formation officielle sur de multiples instruments, et l’amour de la musique de Stachiw continue de se transmettre à ses neuf petits-enfants et ses deux arrière-petits-enfants.

« Nous avons grandi dans une maison musicale. Que ce soit le dîner du dimanche soir en écoutant Men of Brass à la radio, ou, pour mes frères et moi, nos goûts musicaux pour le rock classique, notre père nous a inculqué une appréciation pour tous les types de musique. Ces musiques incluaient l’opéra, le classique (Bach, Beethoven et Mozart en particulier), les groupes de cuivres et, bien sûr, la musique ukrainienne. » – Peter Stachiw

Il y a de musique dans l’air
Cette appréciation des mélodies en dehors du répertoire de l’orchestre standard était l’une des nombreuses choses que les élèves de M. Stachiw appréciaient. En plus de la musique classique, de la fanfare et du jazz qu’il aimait, il a aussi rempli les salles de l’école secondaire Neil McNeil avec la musique des films de John Williams, des airs de comédies musicales populaires telles que West Side Story, et éventuellement, de la musique rock. Il semble qu’il ait élargi les horizons à la fois de son public et de ses élèves. L’un de ces étudiants se souvient : « Il m’a donné une appréciation pour une musique qui n’était pas du rock radiophonique, du disco ou du punk à l’époque »

Parmi les admirateurs de Stachiw, se trouvaient de nombreux artistes connus, qui remercient leur professeur de les avoir aidés à développer des bases solides dans la vie. Le regretté John Candy était parmi ses élèves et est resté en contact au fil des ans, et le chanteur et claviériste de Styx, Lawrence Gowan, lui a rendu l’hommage suivant :

« Merci M. Russ Stachiw. Vous aviez un remarquable don pour l’enseignement, que vous partagiez si généreusement, et vous avez touché un très grand nombre de personnes. Votre salle de musique à Neil McNeil vit encore dans mon esprit et dans l’esprit de tous ceux à qui vous avez enseigné. Le déclic de votre bâton sur le podium, suivi de cette coupe précise dans l’air, votre style de direction d’orchestre était un spectacle à voir. C’est ce souvenir qui restera gravé dans mon esprit. Vous avez exsudé une véritable passion musicale qui a soulevé et inspiré ceux qui étaient modérément intéressés et ceux qui étaient intensément captivés… Et cela persistera pour des années à venir! Bravo »

D’autres élèves se sont spontanément rappelés de son attitude positive, de son sourire contagieux et de son sens de l’humour vif. Ils se souviennent de lui comme d’un homme juste, qui imposait à ses élèves des normes élevées tout en les inspirant et en les responsabilisant.

Quelqu’un est-il joyeux ? Qu’il chante des louanges.
Au cours de ses presque trois décennies passées chez Neil McNeil, Russell Stachiw a mené son groupe à travers le monde : en Amérique du Nord, dans les Caraïbes, dans le Pacifique Sud, en Europe et en Asie. Ils se sont rendus à deux Expositions universelles (1967 à Montréal et 1970 au Japon), se sont produits devant des politiciens (dont le premier ministre Pierre Trudeau en 1975) et même le pape. M. Stachiw a en effet eu l’honneur de diriger l’orchestre et la chorale spéciale du Pape pour la messe du Pape en 1984, alors que Jean-Paul II était en tournée en Amérique du Nord.

Sur la peau d’une orange
Russell s’est fait connaître non seulement comme un artiste créatif, mais aussi comme un solutionneur de problèmes ingénieux dans son rôle de défenseur de l’éducation musicale. Les tournées internationales étaient une entreprise financière énorme, mais M. Stachiw avait trouvé une solution :

« Dans les années 80, pour aider les étudiants à aller en voyage à l’étranger, il commandait des camions remplis de pamplemousses et d’oranges de la Floride. Pour chaque boîte de fruits vendue par un élève, celui-ci recevait une réduction sur le coût du voyage (environ 5 $ par boîte). Une initiative qui a été très populaire auprès des élèves et de leurs familles. Certains ont vendu assez de boîtes couvrir les frais entiers de leur voyage. Je me souviens d’être allé dans sa salle de musique à l’école et de l’odeur fraîche des agrumes. C’était à une époque où les fruits frais comme ceux-ci n’étaient pas facilement disponibles à Toronto. » – Peter Stachiw

Un de ses élèves se souvient de l’impact de ces voyages :

« C’est [M. Stachiw] qui m’a permis d’aller à Trinidad avec le groupe en 1979 et qui a convaincu mes parents de me laisser partir, en plus de m’aider à financer mon voyage grâce aux fonds recueillis lors de concerts et auprès des anciens élèves. Je me souviendrai toujours de mon séjour là-bas et je lui en serai toujours reconnaissant. »